Le roman Les cerfs-volants de Kaboul est le premier et l’un des plus gros succès littéraires de son auteur, Khaled Hosseini. Il est devenu un livre-culte aux Etats-Unis et dans les douze pays où il a été édité.
Faute au manque de temps face à la montagne à lire (on ne parle même plus de pile), j’ai joué un peu ma feignasse attirée par les images, et j’ai décidé de découvrir cette histoire par le roman graphique plutôt que par le roman original.
Cette décision ne fut pas la plus judicieuse que j’aie pu prendre ces derniers temps, je vais t’expliquer pourquoi.
NB : un roman graphique est une bande-dessinée, généralement longue, ambitieuse et sérieuse, destinée à un lectorat adulte. Certains comportent même des chapitres assimilés à ceux de romans habituels, sans planches.
On découvre ici l’histoire de deux enfants Afghans, dans les années 70, avant que le pays ne devienne celui que l’on connaît aujourd’hui : une ruine. Ces deux enfants vivant dans la même maison, mais l’un étant le fils d’un riche notable et l’autre le fils d’un domestique, font les quatre cents coups ensemble. Mais ce qu’ils aiment par-dessus tout, ce sont les tournois de cerfs-volants, très sérieux et très prisés. Leurs compétences se complètent à merveille : Amir le riche manie avec adresse le fil de son objet volant tandis qu’Hassan le pauvre l’encourage et devine mieux que personne le point de chute des cerfs-volants des infortunés adversaires d’Amir, lui assurant la victoire finale.
Une paire faite pour fonctionner en dépit des codes sociétaux. Sauf que la condition sociale d’Hassan, fils d’immigré, le rattrape vite et il est le souffre-douleur préféré d’une bande de voyous des bacs à sable. Amir essuie également les quolibets mais son rang calme les ardeurs belliqueuses qui ne dépassent jamais le stade des mots (maux ?).
Jusqu’à ce jour terrible où tout changera pour les deux enfants, sous les yeux d’Amir qui, aussi lâche qu’un élastique de vieille culotte Petit Bâteau, n’osera rien révéler. Ce passé le hantera sa vie entière, une vie bien remplie, surtout de coups du destin.
On ne va pas se mentir, j’ai été transportée par ce récit de vie. On n’a que peu l’occasion de découvrir dans les romans le héros sous un jour peu flatteur. Mais la prouesse technique qui aurait pu être lassante et déprimante n’en est rien ici. On ne comprend pas certains comportements mais on peut les excuser en les mettant sur les erreurs de jugement de l’enfance où le ressenti prend le pas sur le raisonné.
Ce qui n’exclue pas qu’on ait parfois envie de lui remettre les neurones en place par une bonne paire de claques !
Les planches classiques se composent de dessins au graphisme agréable, réaliste, et aux couleurs parfaitement adaptées aux temps forts de l’histoire : très saturées et lumineuses lors des moments heureux, et au contraire dans les tons bleus lors des épisodes douloureux et/ou nocturnes.
Mon regret viendra du fait d’avoir eu l’impression de lire cette histoire en tenant le livre par la fenêtre d’un TGV. Tout va beaucoup trop vite ! On devine un roman très attaché à l’émotionnel, à l’intensité, qu’il faudrait prendre le temps de laisser monter.
Ce n’est pas le cas dans cette BD, faute de place si l’on ne veut pas se retrouver à transporter un livre de 15 kg. Le décor est bien planté au début, les illustrateurs ayant réservé un nombre de pages acceptable à la présentation des lieux et des personnages ainsi que les liens qui les lie, globalement. Il faut tout de même faire appel à son expérience de la vie pour comprendre l’implicite de ces relations et les sentiments qui les sous-tendent.
Par contre, la suite se déroule comme une chute sur une piste noire : tu dévales l’histoire à la vitesse grand V en rebondissant sur la tête, sur le coeur, en restant sur les fesses, face à la succession des re-bosse-dissements !
Pourquoi ne pas avoir fait le choix de préserver la qualité narrative en publiant plusieurs tomes ?
Certainement pour des raisons qui me dépassent…
Tu refermes donc la couverture un peu sonné par l’histoire puissante mais aussi par un sentiment d’étourdissement lié à toutes ces péripéties accumulées. Groggy…
J’ai un peu l’impression d’être passée à côté de l’intérêt majeur de ce récit car une flèche d’émotion n’a pas eu le temps et la force d’inertie nécessaire pour se ficher dans mon coeur. Je suis frustrée.
Je te conseille donc de ne pas faire la même erreur que moi et de lire le roman initial long et sans images.
Je reprendrai également cette lecture dans quelques mois, quand le temps aura fait son oeuvre d’oubli partiel.
Ma note : 15/20
4 réponses
Je pense plutôt lire le livre un jour ou ma PAL me le permettra
Et tu auras raison. C'est ce que me confirment tous les gens qui ont lu ce post !! Une fois le roman lu, rien n'empêche de lire la BD, je pense que les illustrations sont intéressantes à voir, ainsi que l'adaptation.
J'ai lu Les Cerfs-Volants de Kaboul en 2007… mais je me rappelle cette expérience de lecture comme si c'était hier. Je ne connais quasi pas la littérature contemporaine, lisant beaucoup plus de classiques pour mes études, mais ce livre m'a profondément marqué. Cette histoire qu'on pourrait croire se terminer très vite, cette découverte du monde afghan, toutes ces émotions qu'on n'a même pas le temps d'assimiler… Juste magnifique ! Je ne connaissais pas la version BD par contre, mais vu ce que tu en dis je me contenterais d'y jeter un coup d'œil je pense. En tout cas, je t'engage à lire les 2 autres romans de l'auteur : Mille Soleils splendides et Ainsi résonne l'écho infini des montagnes. Au passage, j'ai découvert ton blog via Instagram et je compte bien le suivre !
Peut être que tu peux te permettre de lire vraiment cette BD puisque tu as déjà lu le roman en amont. Tu connais donc toutes les vraies émotions et les subtilités. Je ne l'ai pas fait et c'était une erreur. Je te rassure, "Mille soleils splendides" fait partie de ma pile à lire ! 🙂
Et merci beaucoup pour ce gentil commentaire, au plaisir de te recroiser !
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