Présenté comme l’un des coups de cœur des bibliothécaires, ma curiosité a été piquée par une BD au résumé original.
Une chose est donc sûre : je ne suis pas bibliothécaire. ^^
On remonte un peu le temps pour repartir en enfance, au début des années 90.
Laura est une jeune adolescente qui entre en 5ème dans un nouveau collège après avoir passé l’été à se dorer la pilule sur les plages de l’Atlantique. Comme beaucoup de personnes en somme.
Mais en fait… pas tout à fait ! Elle, elle l’a fait nue comme un ver, dans un camping naturiste. Autant dire que la première rédaction de français, celle où le professeur demande de raconter ses vacances d’été, sera pour le moins surprenante pour sa classe ! Et ce, sans oublier que nous sommes à un âge où il ne fait pas bon sortir du lot de moutons clonés ! Laura aurait mieux fait de s’inventer des vacances à Palavas les Flots, à lire des magazines « OK Podium » avec le maillot de bain qui lui rentre un peu dans la raie des fesses quand elle joue aux raquettes de plage avec son petit frère, car les ennuis commencent…
J’ai complètement adhéré au thème de l’histoire, les affres de l’adolescence, que j’ai trouvé très bien exploité et avec finesse : le départ parfois subit de l’enfance vers l’adolescence avec le petit frère pot-de-colle qui est mis de côté, le corps qui change chez ses amis qui deviennent trop âgés et chez soi, le temps des rencontres et des premières amours, le besoin de solitude et de liberté, la remise en cause de l’autorité, le conformisme des pairs et leur jugement au collège.
Les scènes de harcèlement dans l’enceinte de l’établissement scolaire et leur violence prennent le lecteur aux tripes.
On ne comprend pas que l’héroïne ne se rebelle pas et ne se fasse pas respecter, puis on se souvient qu’elle n’a que 12 ans, qu’elle est nouvelle, timide, et que par conséquent, il n’est pas de bon ton de faire des tests de combats sauvages de muay-thaï.
Jusqu’au jour où… la nécessité de faire « peau neuve » se fera sentir d’elle-même.
J’ai découvert le thème naturiste dans le monde de la littérature graphique, que je n’avais pour l’instant jamais rencontré. Mais je ne suis pas forcément la plus calée dans ce domaine non plus ! Malgré ma propre pudeur à ce sujet, je n’ai à aucun moment été gênée à ce propos durant ma lecture. La nudité est ici aussi naturelle que le port d’Havaïanas en Amérique du Sud et pourtant le lecteur n’est pas ménagé.
A contrario, j’ai moins accroché avec le rythme de l’histoire que j’ai trouvé mou du genou. Excepté les scènes au sein du collège, les flash-back de l’été au camping ne sont pas trépidants, l’adolescence de Laura est plutôt passive et nonchalante, sans expression émotionnelle de quelque nature qu’elle soit. J’ai trouvé cet aspect un peu dommage quand on connait l’importance de l’affect à l’adolescence et que l’on est capable de pleurer à chaudes larmes devant un poisson pané décédé dans d’atroces souffrances pour se retrouver face à notre fourchette. Que dire donc des émotions qui doivent traverser Laura lors de ses difficultés d’intégration dans son nouvel établissement ? Aucune idée. On passe à côté.
Au final je me suis demandée tout le long où l’auteur voulait en venir. Même en refermant le livre. Un peu balot…