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De l’art d’ennuyer en racontant ses voyages

Allez ne me dis pas que ça ne t’est jamais arrivé ?
Que l’on revienne du Mont Fuji au Japon ou du camping des Flots Bleus, nos récits de voyage ont forcément tricoté des pelotes avec les nerfs de notre auditoire au lieu de les dérouler et de les détendre, comme les nôtres peuvent l’être en revenant du paradis ! 

C’est le sujet de ce petit livre d’essai qui nous fait rire (jaune) face à la longue énumération de tout ce qu’il nous est possible de faire pour raser notre public mieux que Gillette !


Le résumé de la quatrième de couverture donne le ton : 

Chaque année, plus de 700 millions de touristes parcourent le monde. En 2010, ils seront un milliard à vous assommer avec leur récit de voyage.

Voilà un ouvrage qui détone dans la bibliographie du back-packer !
A défaut d’un livre pour épater la galerie et sublimer sa bibliothèque, voici un objet  en faveur de l’auto-dérision !
Le voyageur est-il capable de rire de tout ? Surtout de lui-même ?
Je ne sais pas ce qu’il en est pour toi, mais ici c’est bien le cas !
Deux baroudeurs dans un même lieu de vie et cette courte lecture a été ponctuée de « oh, mais c’est toi ça ! », « arrrghhh, je le fais aussi ça », « oh m*****rde, je dois être atrocement chiante quand je reviens de l’aéroport ! », « mouahahah tu te reconnais là ? Non ? Allez, fais un effort ! »…
Sache juste, globe-lecteur, que quelle que soit ta manière de raconter tes aventures (blog, soirée diapo, vidéo-projection avec toi-même en guest-star, albums photos réels ou virtuels, roman, statuts facebook, cartes postales, etc. Les moyens sont multiples de nos jours) tu casseras forcément les roubignolles d’au moins un gus ! Tu devrais donc en rajouter encore une couche, histoire qu’il sache vraiment pourquoi il se plaint et qu’il ait bien les arguments sur le bout de la langue pour pouvoir le faire avec aplomb !

Petite parenthèse : 
Entourage, faune particulière, qui, quand je suis en train de m’éclater à des fuseaux horaires de là me demande des nouvelles sans arrêt pour savoir si je ne me suis pas faite enlever par des farq extra-terrestres, MAIS dégaine avec force soupirs de lassitude à haut potentiel de décibels son exaspération quand je raconte enfin, une fois revenue, mes aventures, IL VA FALLOIR QUE TU M’EXPLIQUES TA LOGIQUE !!!  ^^

Je ne peux pas te livrer ici un résumé puisque comme je l’ai dit plus haut, il s’agit d’une longue liste de toutes les attitudes du voyageur au long cours pouvant pousser au meurtre sans préméditation un entourage excédé.
Sans avoir ri aux éclats, le sourire n’a pas quitté mes lèvres devant les tournures de phrases bien pensées et bien pesées.

Voici quelques extraits de cet essai commençant par « Chiant qui, comme Ulysse, a fait un beau voyage » : 

Une recette appréciable consiste à insinuer sur un air badin un propos tel que « C’est comme l’Afrique, ça ne se raconte pas, il faut le vivre, il faut être là… » afin d’exciter la curiosité de votre auditoire. »

(prenez quand même un casque anti-pelle en déblatérant ça parce qu’un coup assommant est si vite arrivé !)

Révélez comment germent vos projets de voyage. Vous avez envoyé une fléchette  sur un planisphère pour choisir votre destination ou alors plus cash : « j’avais 1000 € en poche, deux mois à tuer et envie d’en prendre plein la gueule ! »

C’est plutôt l’auditoire qui va en prendre plein la gueule ensuite, oui, avec Indiana Bond des temps modernes ! 


Déclarez votre flamme pour le fascinant mélange de tradition et de modernité. L’argument est pratique car peu de capitales échappent à cette règle. Profitez de l’occasion pour montrer l’une de vos photos préférées représentant un petit âne bâté à côté d’une moto japonaise. Ainsi êtes-vous tombé en amour pour ce pays tout en devenir.



Au final ?

Un excellent petit cadeau à s’offrir soi-même si l’on aime voyager (et afin de saisir toutes les ficelles pour être encore plus insupportable) ou à offrir à quelque baroudeur de votre entourage pour lui laisser entendre subtilement (ou pas) combien il vous horripile.

D’ailleurs à ce propos, mon petit bémol viendra du prix ! 10 € pour 43 pages alors qu’il est annoncé 6 € sur la quatrième de couverture, j’ai l’impression d’être un peu face à un exploradin en plus d’un exploraseur ! ^^

Bon, enfin, si tu es dans mon coin toulousain, sache que contre très bons soins de ta part, je peux te faire un CDD d’emprunt ( = contrat à DUREE LIMITEE, oui parce qu’en sous-titre il y a marqué « revient »… eh eh !).

Enfin, en petit bonus tout à fait modeste, voici comment s’est passée la lecture en temps post-réel ! 
(et oui, je lis le soir donc tu as droit à la lumière pourrie qui va avec ! Parce que dans le métro, la perche à selfilm, c’est moins facile !)


Franchement, je ne comprends pas pourquoi le cours Florent n’a jamais voulu de moi…

2 réponses

  1. Quand j’ai vu ce livre à la librairie, je ne pouvais que l’acheter 🙂
    Je suis d’accord avec toi, on ne rit pas aux éclats, mais on sourit quand même car on se reconnaît dans certaines situations et on connaît tous des gens qui font la même chose, voire pire !

    1. Quand je l’ai acheté, il n’existait pas encore en librairie. Je ne l’ai trouvé qu’en vente en ligne. Je suis contente que sa diffusion ait progressé. On sourit mais justement, on se reconnait un peu trop ! Parfois on peut rire un peu jaune ! Mais c’est pas grave ! Tant qu’on rase uniquement avec nos voyages, c’est un moindre mal !

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