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On regrettera plus tard

On regrettera plus tard ?
Non, je pense que l’on peut commencer tout de suite.
Fan d’Agnès Ledig que j’ai découverte l’an dernier, j’ai lu dans un souffle ses trois premiers romans : Juste avant le bonheur (magistral), Marie d’en haut (très bon), Pars avec lui (agréable).
C’est donc tout naturellement que je me suis plongée  jetée avec excitation du promontoire de mon étagère virtuelle dans cette nouvelle sortie littéraire d’avril…
Sans élastique.
La chute a été rude.

Je t’explique pourquoi un peu plus bas.


Je vais déjà commencer par te planter le décor du livre.
Dans les Vosges, Valentine mène sa petite vie à mille à l’heure entre son jardinage, ses lectures, l’écriture, son bricolage, son voisin protecteur Gustave qui la considère comme sa petite-fille, sa classe de cycle 2 et son collègue Gaël qui est aussi son meilleur ami dont elle écoute les confidences sentimentales.
Cet équilibre va se retrouver perturbé par une nuit d’orage où Eric frappe à sa porte avec sa fille Anna-Nina, brûlante de fièvre, dans les bras. La tempête les a surpris et a détruit une partie de la roulotte dans laquelle ils sillonnent les routes de France depuis sept ans.
A compter de ce jour, tout sera différent dans les vies des protagonistes.

Comme a son habitude, Agnès Ledig de sa plume sensible et douce, nous livre une histoire simple, avec des gens simples, qui font tout l’intérêt de ses ouvrages, agrémentée de jolies citations qui parlent à chaque lecteur à coup sûr.
Toutefois ici, le trait de la simplicité semble un peu trop marqué. J’ai eu le même ressenti que face à Bertrand et Lola d’Angélique Barberat : un joli récit prometteur qui retombe comme un soufflé dans un bruit étouffé de déception. 
Pourquoi ?
– Je n’ai pas réussi à m’attacher aux personnages que j’ai trouvés trop stéréotypés : l’instit vieille fille des temps modernes, hyperactive et petit oiseau blessé (ah zut, non, c’est un peu moi il y a quelques années !), le papa solo beau gosse et renfrogné qui ne vit que pour sa fille, adorable, vive, intelligente et enjouée.
– Tout est ultra prévisible et téléphoné. Comme dans ses autres romans me diras-tu. De toute façon, ce n’est pas la destination qui est intéressante mais la manière d’y parvenir me diras-tu encore. Effectivement, sauf qu’ici la sauce ne prend pas. Les rebondissements sont aussi plats qu’une piste noire en été.
– Je n’ai pas compris l’intérêt de l’histoire de Gaël avec sa Stéphanie si ce n’est celui de compatir aux déboires de Valentine.
– Je me suis lassée d’écouter Valentine se justifier en long en large et en travers sur sa relation amicale PLATONIQUE avec Gaël. C’est rare, certes, certains ne le conçoivent pas, re-certes, mais ce n’est pas une raison pour le radoter comme aurait pu le faire ma mamie !
– J’ai visualisé le personnage de Gaël comme étant un mix physique de Kubiac (« Parker Lewis ne perd jamais », série des années 90) et Chien-Po (Mulan de Disney). Aucune crédibilité donc.

Néanmoins, tout n’est pas à jeter dans une avalanche de boulettes de papier mâché.
Une deuxième histoire vient s’imbriquer dans la principale, en nous refaisant remonter le temps, et que j’ai trouvée bien plus touchante.
Le fait de traiter du nomadisme moderne en roulotte sans être pour autant un néo baba-cool amateur de ganja ouvre quelques perspectives et représente un concept intéressant.
Les dialogues à bâtons rompus entre Gaël et Valentine sont touchants et/ou remplis d’humour fin.
L’interrogation sur l’instruction scolaire à inculquer à ses enfants m’a également donné matière à réfléchir : l’institution Ecole est-elle la plus efficace dans l’apprentissage des savoirs ? Quelle place souhaite-t-on donner (et comment) à la socialisation et à l’ouverture aux autres quand on voyage seuls et que l’on bouge sans cesse ? N’y a-t-il qu’une seule façon d’enseigner, bourrée de codes et de « notices » à suivre ?

Au final ? 
Ce roman traitant de la reconstruction, de la confiance à l’autre, de la différence et de son respect, n’a pas su m’émouvoir et m’emporter comme je l’aurais cru. J’ai eu tout du long l’impression d’être devant le scénario d’un épisode de la série « l’instit » avec Victor Novak !
Si tu ne connais pas encore les autres romans de l’auteur, tu peux lire celui-ci, tu passeras un bon moment. Si tu connais les autres, attends la sortie en format poche car tu risques de commencer, comme moi, à te lasser du schéma narratif récurrent : deux personnes indépendantes de sexes opposés débordantes de blessures personnelles et de vides à combler, qui se rencontrent pour devenir des « pansentiments » réciproques.

Citation : 

[…] comme dans porte-plume, faire-part, rendez-vous, cerf-volant, pause-café, passe-temps, tourne-disque, sous-bois, clair-obscur, cache-cache, perce-neige, porte-bonheur. Les mots réunis par un trait d’union racontent autre chose que pris séparément.


*****
Ma note : 13/20

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