J’ai chroniqué il y a très peu de temps La petite boulangerie du bout du monde de Jenny Colgan. La chance du timing parfait a voulu que la semaine suivant cette chronique, la suite du roman sorte en librairie. J’ai résisté environ 3min25 avant de me diriger vers les rayonnages…
Je crois que c’est maintenant l’heure du bilan.
Si tu as lu mon avis sur le premier tome, tu sais qu’il s’agit d’un gros coup de coeur. J’ai beaucoup apprécié l’atmosphère des Cornouailles, ces personnages un peu bourrus qui se révèlent attachants au fil des pages.
Malgré mon faible niveau d’anglais et mon allergie chronique par arthrite nasale à l’humidité glaciale, le livre m’a même donné envie d’aller faire une station touristique à Saint Michael’s Mount (ouaiiiiis, un Mont Saint Michel anglais !! Sachant que je n’ai pas encore vu le français ! Il vaut peut-être mieux, me dit-on dans l’oreillette…) qui a inspiré le Mount Polbearne.
J’attendais donc avec impatience de repartir dans cet endroit hors du temps et même un peu hors du monde !
Attention spoilers en vue, ne lis pas la suite si tu n’as pas lu (ou terminé) le premier ouvrage !!!
On retrouve Polly, la boulangère reconvertie trentenaire, son petit-ami Huckle avec lequel elle vient d’emménager dans le phare qu’elle a finalement choisi d’acheter. Sans oublier Neil le macareux sauvé de la tempête quand il était petit ! Mais comme tu t’en doutes, il n’y a pas d’intérêt à écrire un nouveau pavé de 436 pages si quelques péripéties ne viennent pas taper l’incruste.
Péripétie n°1 : Mrs Manse, propriétaire de la boulangerie ayant laissé les commandes de la gérance à Polly, décède. Le nouveau tenancier, beaucoup moins conciliant, va donner du fil à retordre à l’aimable boulangère qui va à nouveau voir son équilibre chamboulé.
Péripétie n °2 : elle arrive dans la suite logique de la première, en mode action-réaction. Mais celle-là, tu la découvriras par toi-même en lisant l’histoire !!
(ne me regarde pas comme ça, je me suis engagée à ne pas dévoiler davantage que la quatrième de couverture en lançant ce blog !)
Comme en boulangerie, si tu ne mets pas suffisamment de levure, la pâte ne lève pas et la mignonnerie comestible qui en découle retombe comme une mouche écrasée par le martabaff’.
C’est un peu l’impression que j’ai eue ici, dans l’extrême inverse : le sachet de levure a craqué et au lieu de saupoudrer, on a arrosé !!
En effet, on tombe dans l’excès. Les personnages sont bien trop stéréotypés avec leurs traits grossiers : le petit-ami sauveur de son petit monde, le nouveau propriétaire que tu détestes aussi rapidement que tes bourrelets dans la cabine d’essayage de bikini en avril et en même temps qui te fait rire tellement son comportement odieux est poussé à l’extrême, une Polly étonnamment sans répartie qui se laisse malmener tout en étant à d’autres moments particulièrement inconsciente, la belle gosse blasée aux remarques horripilantes mais que Polly apprécie néanmoins…
Honnêtement, je n’ai pas compris cette suite. Impossible de m’attacher à des personnages dont le portrait moral ne ressemble en rien à celui décrit dans le premier roman. Huckle, gentil romantique indépendant à l’aile sentimentale un peu blessée devient le patriarche super-héros un brin individualiste ; Polly, jeune femme raisonnable, volontaire, dynamique et indépendante, attachante, devient une brindille ballottée par les événements, se laissant faire en courbant les épaules, faisant des cachotteries…
Et que dire de l’inconscience finale qui va à l’encontre de toutes les règles de base enseignées dans les stages de secourisme ?? S’il te plait lectonaute, ne prends pas exemple sur ce qui est relaté dans ce livre. Je ne peux pas dévoiler de quoi il est question mais j’espère sincèrement que ceux qui liront ce roman comprendront la folie de Polly dans une des scènes finales et ne la prendront pas pour exemple dans pareil cas.
(et je parle en connaissance de cause, j’ai sauté depuis des hauteurs de malade, pré-ado, pour imiter cat’s eyes !!!)
Autant j’ai adoré le nouveau véhicule de Polly, autant tout le reste m’a laissée de marbre pâtissier. Les personnages ont perdu leur saveur artisanale et se retrouvent aussi fades que les baguettes industrielles. D’ailleurs le boulanger m’a nettement moins vue dans sa boutique qu’à la première lecture !
Cela n’enlève rien à la saveur incroyable du premier roman, La petite boulangerie du bout du monde, mais sa suite ne sera pas un incontournable.
J’ai un peu peur, à la lecture de la fin de l’histoire, qu’une autre suite ne soit encore envisagée. La porte est laissée entrouverte.
S’il vous plait, Jenny Colgan, arrêtez-vous là et laissez-nous le souvenir encore chaud et réconfortant de votre petite boulangerie des débuts !