J’ai découvert Jenny, l’auteur de ce livre, non pas en tant qu’auteur, mais en tant que blogueuse. Elle tient un site de voyages, My Globe Story, qui traite notamment des expatriations multiples car elle a déjà vécu au Portugal, au Brésil, au Canada. Actuellement, elle se trouve en Australie, avec son mari et son chien Toupie.
L’Australie, c’est aussi le pays dans lequel évolue Johanna, le personnage principal du roman. Roman que Jenny s’est lancée le défi de concevoir entièrement seule. Oui, oui, de A à Z !!
On prend un vol long courrier, lectonaute ?
Johanna, jeune et jolie artiste française, vit en Australie depuis quelques années. Depuis le décès de ses parents et de son petit frère dans un accident. Elle réalise leur rêve d’Océanie par procuration, mais les rêves peuvent facilement se muer en cauchemar dans la vie réelle. Elle cumule en effet depuis son arrivée des expériences douloureuses qui l’amènent un jour à prendre une décision définitive et irréparable et ce malgré la présence quasi fraternelle de son jeune colocataire anglais, Andrew, qui la protègerait contre vents et marées.
Sauf que là non plus, les choses ne se déroulent pas exactement comme elle les avait prévues et sa vie va prendre un tournant différent grâce à une rencontre qu’elle n’attendait plus et dans des circonstances qu’elle aurait sans nul doute souhaitées différentes !
Ce roman m’a scotchée.
J’ai avalé les 316 pages en 4 jours malgré une multitude de choses à faire.
Le format de poche est pratique car je l’amenais partout dans mon sac à main.
Bon, je ne vais pas te mentir, les vingt premières pages, j’ai eu peur. Je trouvais les ficelles un peu grosses et convenues notamment dans le vécu des personnages principaux ou dans les stéréotypes qu’ils véhiculent. J’ai appréhendé de n’avoir affaire qu’à des lieux communs déjà vus et revus dans d’autres romans.
Effectivement, c’est un peu le cas car je devinais à l’avance ce qui allait se passer mais cela m’a moins dérangée qu’au début du livre car l’écriture de Jenny est tellement fluide que la lecture n’est jamais lourde ni pesante. On a toujours envie de connaître la suite. Même à deux heures du matin.
Pour donner une idée, cela m’a fait un peu la même impression que pour « Cinquante nuances de Grey » et « Twilight ». On est d’accord que les thèmes sont aussi similaires qu’un fusilli et un tortellini pour un italien, mais le ressenti est quasi identique : le scénario n’est pas toujours dans les charts de l’originalité et malgré tout, on veut poursuivre la lecture, sans pouvoir la lâcher.
En plus du style, que je savais d’avance apprécier (je suis son blog, je rappelle), j’ai bien aimé d’autres petites choses :
– il n’y a pas une multitude de personnages dans lesquels on a toujours le risque de se perdre.
– à mots couverts, on se frotte à la précarité de l’expatriée à l’autre bout du monde : les finances pas toujours glorieuses qui amènent à la colocation, les relations qui se tissent aussi rapidement qu’elles peuvent se déliter, la nécessité d’apprendre à composer avec la solitude…
– la jolie histoire à l’eau de rose parce que même si je n’aime pas le rose, j’aime bien son eau autrement que sur ma peau ! Surtout quand elle nous fait un gommage aux grains de suspense !
– les ados des années 90 y trouveront leur compte ! Et je n’en dis pas plus !!
Malgré de petites erreurs de l’auteur débutant, Jenny livre un roman qui tient à la fois la route et le lecteur en haleine. Je l’ai lu dans un souffle et il ne me laisse aucun sentiment négatif une fois refermé.
Je suis surprise d’avoir autant adhéré, mais c’est un fait. J’ai adhéré.
J’ai donc envie de t’engager à tenter l’expérience australienne à la française, surtout si tu as entre 18 et 36 ans, les plus jeunes étant attirés par ce style narratif, et les plus âgés (mais jeunes encore, hein 😄) car ils remonteront un peu les années de leur jeunesse.
Crédit Jenny V. Coville |
La World Coolture : Pourquoi ce livre ? D’où est née l’idée ?
Jenny : J’étais au ciné avec mon mari au Portugal, et pendant les bandes-annonces, va savoir pourquoi, cette idée de scénario m’est venue en tête. Ca n’était pas tout à fait ça au tout départ, mais en tout cas, l’idée est venue de là. Tout ce que je sais, c’est que c’est tombé du ciel comme ça, car ça n’avait vraiment rien à voir avec le genre de bande-annonce qu’on était en train de voir !
Ce n’est pas d’aujourd’hui que j’écris des trucs, que j’ai des idées qui surgissent de nulle part ainsi, mais je crois qu’à un moment donné (effectivement, avec le « m’en donné », c’est indéniable, elle vient du Gers !), mon homme en a eu un peu ras-le-bol de m’entendre dire que j’écrivais des livres, mais de constater qu’aucun d’eux n’avait été fini. Le fait qu’il me fasse cette remarque a surement été le déclencheur dans le fait de me lancer dans cette aventure jusqu’au bout !
LWC : Combien de temps as-tu mis à le concevoir et quelles en ont été les étapes ?
Jenny : Au total, 8 mois :
– 2 mois non stop pour la rédaction du premier jet (dont 2 semaines pour la création des personnages un par un : à chaque fois, j’ai écrit une ou deux pages sur eux, savoir d’où ils viennent, à quoi ils ressemblent, etc.)
– ensuite, j’ai laissé passer un petit mois avant de me remettre dedans afin d’avoir le recul suffisant pour pouvoir me relire et me corriger, une première fois. A ce moment, je l’ai relu au moins dix fois en l’espace de 2 semaines, et même à la dixième relecture, certaines choses me faisaient douter… Mais j’ai laissé tel quel, afin de voir ce qu’un avis extérieur allait en dire.
– je l’ai fait parvenir à une amie qui était parmi le public cible, histoire de lui demander un avis général aiguillé par quelques questions. Ça, ça a pris environ 2 semaines.
– de là, j’ai corrigé de nouveau en tenant compte de ses remarques, qui, heureusement, rejoignaient mes propres doutes. J’ai ensuite pris environ un mois « sabbatique » car je déménageais du Portugal au Canada.
– et les 2 mois restants ont été dédiés à des échanges très constructifs avec ma vraie correctrice.
Bon, et après ça, il s’est passé quelques semaines avant que je me dise que j’allais réellement le publier, et pour ça, je remercie ma correctrice qui m’y a fortement encouragée. Sans elle, Johanna n’aurait jamais vu le jour !
LWC : Pourquoi ce choix de visuel pour la couverture ? (parce que moi, j’aime bien disséquer les couvertures des livres et trouver du lien !)
Jenny : Pourquoi pas ? 😃
Johanna aime être entourée, mais elle est assez solitaire également. Cette image, à vrai dire une illustration réalisée à partir d’une photo existante, correspond assez bien à Johanna, je pense, et à son habitude d’errer seule devant des paysages ainsi.
LWC : Pourquoi avoir choisi l’Australie plutôt qu’un des autres pays que tu as traversés ?
Jenny : Parce que l’Australie fait rêver. Et elle me faisait rêver à moi aussi à l’époque (et maintenant j’y habite) ! C’est lointain, et c’est justement tellement loin qu’on peut se permettre d’y associer un peu toutes les fantaisies et rêves. J’avais longuement hésité avec le Brésil, pays que j’ai littéralement adoré, mais j’ai choisi de garder celui-ci pour un autre roman à venir !
Jenny, je le marque en rouge, je veux lire cet autre roman à venir sur le Brésil !
LWC : Les lieux décrits dans le livre ont-ils une signification particulière pour toi (s’ils existent) ?
Jenny : Pour certains d’entre eux, oui. Shelly Beach, la plage où tout commence, est la première plage australienne que j’ai découverte en 2013 lors d’un road trip dans le pays. Et je l’ai littéralement adorée ! Une grande majorité des endroits décrits existent vraiment, même si j’ai parfois légèrement dû les modifier pour les besoins de l’histoire.
LWC : Avoue, Chris, c’est Drazic en fait ? (série « Hartley coeurs à vif » NDLR)
Jenny : Eh non ! Désolée de te décevoir !
En fait, Chris, comme les autres personnages, n’est personne en particulier. Que ce soit son aspect physique, dans ses attitudes, dans son histoire, il est un mélange de diverses personnes, mélange qui fait que bon nombre de personnes pourraient en fait se reconnaître en lui.
Mais en me relisant, et en tenant compte de cette comparaison récurrente que font les lecteurs de ma génération, je reconnais que la ressemblance à plein de niveaux est quand même forte, et j’avoue pour le coup que ça me fait assez plaisir de repenser toute l’histoire en m’imaginant cet homme à la place de Chris ! 😃 Et je suis ravie si ça peut en réjouir certain(e)s autres aussi.
(objectif réussi avec moi !)
LWC : Es-tu aussi malchanceuse que Johanna lors de tes expatriations ?
Jenny : Je suis du genre assez poisseuse, oui (les journées sans merdouille, je ne connais pas) mais pas à ce point quand même ! C’est vrai qu’elle les enchaîne un peu, la pauvre !
LWC : Si tu devais nous donner envie de lire ton roman en deux phrases, tu dirais..?
Jenny : Alors là, je suis archi nulle à ça !!
Pour le coup, lectonaute, t’en es réduit à me faire confiance !!
LWC : Que conseillerais-tu aux personnes souhaitant se lancer dans l’aventure de l’édition d’un livre ?
Jenny : C’est accessible à tout le monde. Il faut travailler dur, et tu vas passer par des périodes d’ultra-motivation suivies de doutes et de désespoir, certes, mais c’est un tel plaisir quand tu tiens pour la première fois TON livre entre tes mains, ça en vaut la peine. Et quelle récompense quand enfin tombent les premiers retours et qu’ils sont positifs !
LWC : As-tu d’autres projets littéraires ?
Jenny : Oui, et un peu trop même ! Mon second roman est fini depuis longtemps, du moins le premier jet, mais il est toujours en attente de ma relecture pour autocorrection. Et dans ma tête sont prêts les scenarii d’un troisième et d’un quatrième roman, et éventuellement, une suite pour Johanna puisque celle-ci m’a été plusieurs fois réclamée.
Bref, j’ai du boulot pour quelques années en tête là je crois !
LWC : Et sinon, tu l’as croisé le vrai Drazic depuis que tu vis en Australie ? 😍
Jenny : Même pas ! Je ne sais même pas où il habite, d’ailleurs (et je ne suis même pas sûre que je le reconnaîtrais si je le croisais dans la rue, en fait!). Mais tu viens peut-être de rajouter un item sur ma bucket-list : aller à sa recherche ! 😄
Par contre, j’ai raté à 5 minutes près une de ces anciennes actrices de la série Hartley Coeurs à Vif, et pour le coup je suis dégoutée, car j’étais mega fan d’elle (Ada Nicoudemou, celle qui incarnait la pétillante Katarina) !
parce qu’elle est super sympa et accessible :