Ne parle pas aux inconnus – Sandra Reinflet

Un livre que j’ai choisi pour sa thématique de la jeunesse qui se cherche et pour son registre contemporain.
Un livre que je savais être un peu en lien avec le voyage (le « prendre la route » du résumé s’est mis à clignoter) mais pas plus que ça.
Un livre dont le titre fait bourdonner des souvenirs à mes oreilles.
Un livre que j’allais apprécier parce que j’aime bien les photos en noir et blanc et les filles regardant les routes comme il peut m’arriver de le faire.
Voilà ce que j’ai pensé en choisissant ce roman, Ne parle pas aux inconnus.

De quoi parle Ne parle pas aux inconnus ?

Ce devait être une fête, une libération, la fin du lycée et des « ne pas ». Mais Eva ne répond plus et Camille ne répond plus de rien. Depuis que sa polonaise a disparu, la jeune femme se cogne au silence comme un papillon à une ampoule. Elle décide de prendre la route pour la chercher. Un voyage au cours duquel elle croisera ces étrangers dont ses parents lui disaient de se méfier et qui tous, à leur manière, l’aideront à trouver ce qu’elle ne cherchait pas : elle-même.
Les secrets les mieux gardés ne sont-ils pas les plus en vue ? Les inconnus, parfois, sont ceux dont on croit tout connaître.

« Peut-être que je parlerai en adulte, les lèvres pincées, d’un ton sérieux. J’espère que non. Je n’ai plus tellement hâte de grandir. En tout cas pas si devenir adulte veut dire renoncer. Dessiner, écrire, voyager, me perdre, aimer… J’ai encore autant de rêves que de tubes de gouache dans les poches. »

Mon avis sur Ne parle pas aux inconnus ?

Cette histoire n’est pas tombée du ciel par hasard, ce n’est pas possible. C’est dingue qu’un auteur arrive à ce point à retranscrire l’état d’esprit d’un voyageur en sac à dos qui avance avec pour anticipation de son périple uniquement celle de son premier pas ! Alors j’ai fait ma curieuse entre deux liaisons de bus. Je suis allée voir le profil Instagram de Sandra Reinflet.
Mon intuition ne m’avait pas trompée, elle aussi a vécu l’aventure du voyage en stop en Europe, et même à plusieurs reprises ! Autant te dire que toutes les sensations, les galères et les craintes de notre jeune auto-stoppeuse sont plus que réalistes ! J’ai été convaincue par son côté paumé de jeune fille docile qui va se rebeller par amour, en décidant de vivre sa vie à elle, en cessant de la vivre au travers des craintes infondées de ses parents mais surtout de sa mère. On la découvrira tour à tour sceptique, angoissée, courageuse, battante et avant tout déterminée. Une héroïne forte qui assume ses faiblesses.
Néanmoins, j’ai eu envie de la baffer deux ou trois fois pour son inconscience qui, d’une part, est égoïste vis-à-vis de ses parents, mais aussi qui aurait pu la mettre en grand danger à plusieurs reprises. J’engage vivement tout lecteur à ne pas tenter de reproduire certaines âneries de Camille et à veiller à sa propre sécurité sur les routes ! Tous les conducteurs ou chauffeurs ne sont pas aussi bien intentionnés que ceux rencontrés par notre personnage principal !

Je me suis étonnée du peu de réaction de la part des parents dont la fille aînée, mineure, fugue durant deux mois ! Dans la même situation, j’aurais déjà convoqué Interpol et des agents doubles de la CIA ! Mais ça n’engage que moi et mon tempérament modéré…

Le style fluide et simple de l’auteur permet une lecture aisée, pouvant être interrompue à de nombreuses reprises grâce à des chapitres courts. Un gros plus pour les lecteurs urbains ! Cette impression décousue par la forme cadre parfaitement à la narration à la première personne par une adolescente : il faut du rapide, du concis, il faut aller à l’essentiel, que ce soit dans un carnet de route, dans un journal intime ou encore dans un email. A cet âge, on est pudique de la palabre.

Au final, c’est si mal de parler aux inconnus ?

J’ai vraiment apprécié la lecture de ce récit initiatique qui rappelle bien que chaque voyageur qui rentre au pays n’est plus tout à fait le même que celui qui s’en est allé. Le voyage change un individu en profondeur, souvent en mieux pour soi-même, parfois en pire pour les autres. Je te laisse découvrir ce qu’il en sera pour Camille et les inconnues de son équation. En tout cas, prends de l’air avant d’arriver au final car il est magistral !

 Ma note : 17 / 20

 

« Non, je veux le voir (mon tatouage), pour me rappeler qu’il faut désobéir. Pour me souvenir qu’on est tous des boutures et que nos racines peuvent repousser n’importe où. « 

 

Clique ici pour acheter « Ne parle pas aux inconnus » !

4 réponses

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.