Tu te rappelles de la fine équipe du Comité Départemental du Tourisme de Haute-Garonne (le CDT31 de son petit nom) avec laquelle on était partis à Luchon ? Eh bien on a récidivé ! Mais cette fois, ils nous ont concocté un programme radicalement différent en profitant de la variété de notre beau département : de l’OENOTOURISME en Haute-Garonne dans le FRONTONNAIS !
Oh Tanin de Brest ! Moi (Corinne) qui ne tiens même pas un verre de kir sans chanter la Marseillaise à l’envers ! Comment survivre à cette journée sans perdre ma dignité ? Je te dis tout (enfin de ce qui est racontable…en co-rédaction avec Flo) dans ce petit kit de survie pour l’oenotouriste débutant made in terroir local d’Occitanie mais adaptable à toute partie du globe !
Allez, hop, briefe ton foie, mets-le en bandoulière, et suis ces commandements :
1 / Bachote ton vocabulaire de base en matière de pinard
… sous peine de passer pour un ignare alcoolique. Tu picoles sans rien connaître à cet hydromel viticole ? Tu ne sembles pas être une personne fréquentable dis-moi…
Heureusement qu’on est là pour te sauver de cette honte éternelle avec cette anti-sèche :
Viticulture : Culture de la vigne.
Viniculture : Activités d’élaboration, de conservation, de conditionnement et de commerce du vin.
Chai : Local où se déroule la vinification.
Cépage : Variété de plant de vigne caractérisé par des particularités : forme des feuilles et des grappes, couleur des raisins à maturité, composition des raisins…
Moût : Jus du raisin non fermenté. Il est la base du futur vin.
Assemblage : Mélange de moûts ou de vins provenant de différentes cuves.
Millésime : Année de vendange des raisins ayant servi à produire un vin.
Tanin : Substance existant dans les pépins et la peau des raisins. Elle contribue à donner au vin caractère et longévité.
A photocopier puis à glisser dans la manche. Tu as là l’absolument indispensable du débutant dans l’oenotourisme.
Mais dans le doute, si tu ne maîtrises guère plus, écoute les autres, tais-toi et… bois. C’est encore le moyen le plus sûr de donner le change dans ce genre de sortie !
2 / Renseigne-toi un peu sur les domaines locaux
On y reviendra plus tard, mais tu verras que les propriétaires de domaines vinicoles sont des gens fiers, à raison, de leurs productions. Ils auront toujours à cœur d’en parler par eux-mêmes mais si tu connais un petit peu leur exploitation, ce sera le pépin dans le grain de raisin et tu auras toute leur attention !
Voici ce que cela donne par exemple pour nos trois visites du jour dans le secteur du frontonnais, deuxième anti-sèche à glisser dans la deuxième manche :
Le Château Caze dans le vignoble de Fronton
Situé à Villaudric, il a été créé en 1776 par Antoine Caze et a été géré ensuite par ses descendants. De nos jours, c’est Martine Rougevin-Baville qui a repris le flambeau.
Le chai se visite et date de l’époque de la création du domaine : il est à voir absolument avec l’exposition du matériel d’autrefois dont ses fûts de chêne et ses cuves plus récentes dans un mini-musée du vin et de la vigne. L’acoustique de la pièce en fait également un excellent lieu d’accueil pour les concerts, donnés plusieurs fois par an.
N’oublie pas d’aller jeter un œil au pigeonnier dans les parties extérieures !
Site internet
Le Château Plaisance encore dans le vignoble de Fronton
Situé à Vacquiers, il s’agit là aussi d’une entreprise familiale, gérée aujourd’hui par Marc Penavayre.
Voilà l’exploitation bio (depuis le millésime 2011) !
» La recette est simple : un travail de la vigne au plus proche du terroir, sans engrais ni désherbants, en privilégiant les produits naturels, la récolte d’une vendange très mure, très saine, triée, et des vinifications guidées par l’idée de « faire parler la terre », en levures indigènes. Les vins ne sont ni collés, ni filtrés. Ils sont aujourd’hui de très beaux ambassadeurs du cépage Négrette, qui depuis près de deux mille ans fait leur charme et leur originalité incomparables. Plus que jamais, le souci est de faire un vin 100% jus de raisin. » Voilà la description faite du domaine par son meilleur représentant, Marc Penavayre.
Le Château Clos-Mignon toujours dans le vignoble de Fronton
Dans la série des domaines familiaux, je demande pour terminer celui situé à Villeneuve-lès-Bouloc, et dirigé par le vigneron discret Olivier Muzart. Discret, mais plein de projets en tous sens. Notamment, et ce n’est pas pour nous déplaire, celui de franchir les frontières pour faire découvrir son vin frontonnais en plus d’événements divers et variés sur son domaine.
Le petit plus concernant les Vins de Fronton
Tu peux aussi faire un passage par l’office de tourisme local pour aller à la pêche aux informations.
Sur Fronton, il est accolé par un mur à la Maison des Vins ! (C’est dans ces moments-là que tu te dis que oui, tu aurais dû bosser dans le tourisme comme maman !)
Benjamin, le directeur de cette Maison pas tout à fait comme les autres, t’accueillera comme chez lui pour te faire découvrir son sujet, qu’il maîtrise à la perfection ! « Chez lui » tu pourras découvrir, déguster et acheter les vins de l’ensemble des vignerons de l’appellation Fronton. C’est presque une étape obligatoire pour démarrer en fait !
3 / N’y va pas tout seul !
Si tu es comme moi (Corinne), avec un foie en carton, et des neurones pas très résistants à l’éthanol, si tu veux retenir quelque chose de cette journée qui est pourtant passionnante, tu as deux solutions : soit tu filmes, soit tu t’y rends avec quelqu’un (de plus résistant) !
Avoue quand même que la deuxième solution est la plus sympathique des deux ! Déjà rien que pour le plaisir de trinquer ! Et puis aussi parce que le vin est une boisson plutôt sociale, autant en partager les arômes !
4 / Analyse la matière première sous toutes ses coutures
Le vignoble sous son meilleur profil
Je ne vais pas t’apprendre grand chose : la lumière la plus flatteuse est soit celle du lever de soleil soit celle du coucher. Pour la vigne et ses grappes de raisin, il en va de même qu’avec ton petit minois !
C’est pourquoi nous sommes partis avant même que le coq n’ait poussé son premier cocorico ! Il nous fallait voir le soleil se lever sur les feuilles dentelées ! Pour cela, nous sommes allés sur les terres du vignoble du Château Caze.
Sur place nous attendait un spectacle des plus poétiques : la brume flirtait avec l’horizon, caressée par la végétation sous le doux halo lumineux d’un soleil encore timide et mal réveillé… Il ne manquait plus qu’un sanglier coursé par Obélix pour achever ce tableau champêtre !
Derrière la vigne mature se cachait même un élevage de bébés ceps, plantés en juin dernier ! Il leur faudra 4 ans et demi pour commencer à remplir les bouteilles de leurs secrets…
Les vendanges en face-à-face, à l’ancienne
Martine, du Château Caze, nous emmène ensuite sur une parcelle particulière. Rien ne dénote au premier abord, à part qu’elle semble plus petite que celle que nous avons vue précédemment. Son originalité réside en réalité dans son histoire. Il y a quelques années, à deux jours des vendanges, le Château Caze a perdu toute sa récolte à cause d’un violent orage de grêle. A l’exception de celle de cette parcelle.
Martine, la propriétaire, n’a alors pas été capable de retenir ses larmes. Sa fille, voyant cela, a suggéré le nom de Larmes de vigne pour la cuvée exceptionnelle de cette parcelle. Le nom est resté depuis.
C’est ainsi que ce matin-là, nous assistons, les pieds dans la rosée, aux dernières vendanges à la main de ces raisins si particuliers aux yeux de leur propriétaire. Ici, tout le monde met du cœur à l’ouvrage dans la joie et la bonne humeur, malgré un réveil qui, comme le nôtre, a sonné un poil trop tôt !
5 / Pars à la rencontre des propriétaires aussi sympathiques que passionnants et passionnés
Martine, Marc et Olivier ont d’autres choses en commun que la proximité de leurs terres : ce sont tous de réels professionnels du vin passionnés par leur métier. Les écouter raconter leur vigne et leur production, c’est un peu comme écouter un conteur raconter Hansel et Grëtel face à la maison de gourmandises de la sorcière.
Nos cerveaux sont déjà conquis avant que nos palais soient entrés en action !
Ne boude donc pas le plaisir de ce moment : tu peux boire mais n’oublie pas d’écouter la douce mélodie d’une passion !
6 / Sens, déguste, assemble
Si tu as de la chance, tu auras peut-être la possibilité de te prendre pour un apprenti chimiste ! Franchement, désolé pour nos profs de physique aussi sympathiques aient-ils été, dans un chai, c’est tout de suite beaucoup plus captivant !
Mais avant de manipuler, il est toujours important de connaître un peu la théorie. Tout comme Marc Penavayre du Château Plaisance l’a fait avec nous, tu apprendras (ou tu ESSAIERAS, on va éviter de te vendre du rêve) à utiliser ton nez pour trouver des arômes d’agrumes, d’épices, de gibier et même de…cuir (!!), aux divers cépages. Sache qu’il y a plusieurs nez pour sentir un vin : le premier s’effectue sans remuer le liquide et le second après, c’est-à-dire après l’aération. Là aussi, ne te leurre pas, lors de ta première expérience, ta langue aura agi malencontreusement avant ta narine…
Vient ensuite l’étape de la dégustation. On te fera goûter les divers cépages de ces vins (de Fronton), purs. De notre côté, soyons honnêtes, on n’a pas eu le palais très emballé par cette pureté !
Ensuite, une fois que tu es prêt à tracer des zig-zag au lieu d’une ligne droite, vient le moment de composer ta propre cuvée : c’est ce que l’on appelle l’assemblage. A partir des cépages dégustés précédemment et en tenant compte des contraintes locales de dosage de chacun d’eux, tu seras invité à composer ton propre vin.
Notre groupe en a produit deux en mettant un peu de syrah par ici, un chouia de Carbernet Franc par là et beaucoup de Negrette par-dessus tout ça… Et ce ne fut pas une réussite, pour nous, apprentis Merlin, producteurs d’enchantements liquides ! C’est vraiment un métier la viniculture ! Voire même plusieurs car le viniculteur se fait aider lors de cette étape de plusieurs spécialistes !
Les petits plus d’un accord mets-vins :
Pour rendre la dégustation plus agréable au palais, tu pourras accompagner la matière première :
- de bonne nourriture qui relève (ou révèle) les arômes comme ce fut le cas pour nous avec les mets locaux et de saison du traiteur Atout Cook au petit déjeuner (9h39 très précisément, j’avais le foie en jetlag) et au déjeuner.
- de tours de magie ! Ça c’est plus original ! Surtout que si tu n’as pas respecté l’étape 7 suivante, tu auras l’impression de voir des tours de magie où ils n’ont pas lieu d’être ! De notre côté, c’est le bluffant magicien Gabko qui nous a divertis en ne dévoilant rien de rien concernant ses secrets de professionnel de la magie. Le vin n’a pas les mêmes effets sur lui que sur nous ! De notre côté, on en était presque à dévoiler combien de vers de terre on avait mangé à 4 ans en faisant à notre manière de la prestidigitation de disparition !
7 / CRACHE !!!!
Les professionnels te le disent tous : tu vas déguster un certain nombre de bouteilles. Voire un nombre certain. Au bout d’un moment tu ne sais plus trop. Si tu veux continuer à courir ton marathon sans souffrir de crampes mnésiques, il faut cracher.
En pratique, en tant que padawan de l’oenotourisme, tu ne pourras pas « gaspiller » ce divin breuvage ! Tu goûteras à tout et ça descendra bien dans ton œsophage pour aller se nicher dans ton foie et dans ton cerveau. Tu n’auras alors pas d’autre choix que de t’arrêter avant la ligne d’arrivée ! Ne t’en fais pas, c’est normal. On est tous passés par là. D’ailleurs de notre côté, on a recommencé encore plusieurs fois, pour être SÛRS de notre erreur !
Puis tu écouteras Maître Yodan LaBouteil. Tu perdras du galon dans le domaine du glamour mais tu en gagneras dans celui de l’oenotourisme. Tes papilles resteront maîtresses de leurs toutes nouvelles capacités et tu pourras ensuite en compter de belles à Tonton Fernand, auto-proclamé spécialiste du pinard depuis belle lurette, lors du prochain repas de famille !
8/ Pratique un test d’alcoolémie avant de rentrer
Nos GO de charme nous ont trouvé le meilleur de tous : du PADDLE !!!
Nous picolons depuis 9h39 du matin précisément et on va donc nous mettre sur une planche, elle-même sur l’eau ! Personnellement, je n’ai aucune propension pour ce milieu et en plus il va falloir faire des prouesses d’équilibrisme alors que marcher droit est déjà un exploit en soi…
VOUS AVEZ PRÉVU LA CAMERA POUR VIDEO GAG AU MOINS ???
Mon expérience de cette première fois sur un paddle
Je crois bien que la trouille me fait désaouler de suite ! Ça et la difficulté à enfiler la combinaison !
Au final, j’ai beau retarder le moment, il va bien falloir se lancer. J’ai ma combinaison contre le froid de l’eau. J’ai mon gilet de sauvetage en cas d’amnésie des mouvements de nage. J’ai ma rame de Pocahontas.
Allez, c’est parti. Mais assise, hein, on commence piano…
Au bout de 15min, les dernières réminiscences d’alcool me poussent à faire ma guerrière : je me lève !! Je mets un autre bon quart d’heure toulousain pour l’affaire, mais j’y suis !! Et… c’est vachement bien en fait cette activité ! C’est calme, tu sens bien que ça fait travailler TOUS tes muscles (surtout quand tu es aussi à l’aise qu’un pingouin constipé) et le cadre est sublime ! Oui, parce qu’avant je n’avais rien vu du tout avec mes œillères de froussarde aquatique.
Nous sommes à Villemur-sur-Tarn en contre-bas d’une petite cascade. L’eau du Tarn est calme, le pont et les vieilles bâtisses du village qui nous entourent sont jolies avec leur briquette rosée par la fin de cette journée quasi estivale. Les plus à l’aise (dont moi, je m’épate), pagayons pour descendre un peu la rivière et longer les rives où nous troublons quelques pêcheurs… Le retour est un peu plus compliqué : je coince la dérive dans les algues (et mon leash fait sa vie quelque part sous la planche) et en plus il faut remonter le courant !!!
Je finis par rejoindre le ponton, en nage, pour un dernier numéro d’équilibrisme : la descente ! Pendant que Véronique, trèèèèès loin de mes inquiétudes de débutante fait carrément le poirier sur sa planche ! #NousNavonsPasLesMêmesValeurs !
L’association de paddle Per l’Aïga
C’est de l’occitan ce nom ! « Pour l’eau » si mes souvenirs d’enfance sont bons… (Bien trouvé, non ?)
Pierre et Morgane, de jeunes et sympathiques bénévoles sont aux commandes. Oui, oui, bénévoles. Ils sont en attente de subventions afin de créer un emploi saisonnier à la prochaine saison estivale.
Ce qui a attiré notre attention : Ils proposent des visites commentées afin de découvrir la faune et la flore environnementale du Tarn. On trouvait que cette sensibilisation faisait défaut dans notre département et on salue donc l’initiative !
Ouverture 2018 : de juin à septembre les jours de beau temps dès 14h et le matin sur réservation
Tarifs dès 6€ la demi-heure
Accès par l’avenue Winston Churchill (minoterie Brusson)
Contact : 06 49 71 99 30 ; perlaiga.paddle@gmail.com
Ils proposent aussi une activité de yoga sur paddle pour un groupe de 8 personnes (30min au sol puis sur l’eau).
9 / Revenir pour approfondir ses connaissances !
Nous avons repéré un itinéraire de vitirando dans les vignes du frontonnais qui a l’air fort sympathique et que nous sommes impatients de tester au retour des beaux jours ! (en ce moment c’est la saison de la chasse, et on préfère éviter de justifier notre absence au travail par « 4 plombs dans le gras de la fesse droite »)
… Cette partie sera donc complétée dans quelques mois…
Et toi alors, ton expérience de l’oenotourisme, ça donne quoi ? Si tu ne connais pas, on t’a convaincu d’essayer ? (non parce qu’en tant que français, si tu voyages, sois certain que ce sera à toi de choisir le vin et là, on a clairement une réputation à tenir !)
6 réponses
J’adore, vous me faites trop rire. Je me reconnais assez dans le « faire semblant de prendre plein de photos ».
Tu vois, je ne suis pas un grand adepte de vin. J’en bois, pour les grandes occasions, mais je prends de moins en moins l’habitude de prendre un petit verre de blanc (du Jura bien sûr) pendant que je cuisine. J’ai stoppé cette habitude depuis que je suis avec quelqu’un qui ne boit pas une goutte d’alcool. Et puis voilà cet article qui me donne franchement envie de faire au moins une fois de l’oenotourisme et de découvrir un peu plus ce monde-là.
Alors merci pour cette découverte 🙂 🙂 Et merci aussi car j’ai bien ri !
Avec plaisir ! Il faut parfois reconnaître ses limites ! Je crois que de mieux connaître le vin, permet de le boire différemment ensuite…
Mais je comprends ta position, c’est vrai que boire seul, c’est plus compliqué !
Waouh on adore l’article ! 🙂
Il est complet et rigolo, c’est super !
On le partage de suite sur notre facebook (d’ailleurs merci pour la mention ! )
A bientôt sur les terres frontonnaises !
Merci beaucoup pour votre gentil commentaire ! Et pour le partage bien sûr ! On est content qu’il vous plaise autant qu’on a pris plaisir à le rédiger ! A bientôt pour la vitirando !
Vous m’avez bien fait rire ! 🙂
J’en parlerai à Roudoudou qui a confondu Cru et Cépage (je ne sais même pas comment c’est possible…) alors qu’on était dans le Beaujolais. La honte ultime…J’ai dû faire comme si on ne se connaissait pas ><
Il apprendra quelques petites choses intéressantes pour la prochaine fois en lisant votre article :p
Il est très beau le dessin de la grappe de raisin, il irait très bien dans un carnet de voyage 🙂
Pauvre Roudoudou !! Je pense qu’avant cette sortie j’aurais pu faire la même erreur si je n’avais pas appliqué l’adage « bois et tais-toi » !
Pour le dessin de la grappe de raisin, il fait partie du carnet de croquis de Flo ! On a décidé de les intégrer davantage dans les articles.