Depuis quelques années, on entend de plus en plus souvent parler de burn-out ou d’épuisement professionnel. Est-ce que le nombre de personnes touchées a augmenté ? C’est possible mais c’est surtout que le voile du tabou autour de cette maladie professionnelle tend à se lever progressivement et que la parole se libère. Avec ce titre choc « Je ne te pensais pas si fragile » (et pourtant fortement courant dans le cadre d’un emploi maltraitant), nous sommes tout de suite mis dans l’ambiance du roman…
Résumé de « Je ne te pensais pas si fragile »
Clotilde est une battante qui trouve depuis qu’elle est jeune adulte de quoi nourrir son goût du défi dans l’entreprenariat. Devenue une épouse comblée et une mère de famille accomplie, Clotilde, en quête de plus de stabilité, accepte un poste de directrice du développement dans la filiale française d’un groupe néerlandais de cycles, Bike Wick. L’opportunité semble inespérée : l’entreprise affiche des valeurs humanistes en phase avec sa philosophie de vie et les valeurs chrétiennes que lui ont transmises ses parents, il s’agit de développer l’activité e-commerce avec la France, et le patron, M. Van Der Klipp, lui donne carte blanche…
Un an après son arrivée, Clotilde est parvenue à développer le département du e-commerce grâce à des solutions innovantes, tout en gagnant l’estime de ses équipes. Quand M. Van Der Klipp annonce son départ et leur présente son remplaçant, Karl Liechtenstein, elle entend bien continuer sur sa lancée. Mais le style managérial de Karl Lichtenstein est pour le moins déconcertant, et la jeune femme est progressivement prise au piège d’un engrenage infernal. Armée de son enthousiasme et de son pragmatisme, Clotilde refuse de se laisser abattre ! Elle met tout en œuvre pour donner satisfaction à son nouveau patron tout en préservant le département qu’elle a su construire, au risque d’y sacrifier bientôt sa santé physique et psychique.
Mon avis sur « Je ne te pensais pas si fragile »
J’ai reçu ce roman en 2020 grâce à la générosité des éditions Eyrolles car le sujet du burn-out m’intéressait, étant passée par là 2 fois en l’espace de 2 ans. Malheureusement, ce récit faisait encore trop écho à mon vécu de manière douloureuse et je n’ai pas pu dépasser une vingtaine de pages. Je n’ai pas abandonné le roman, je l’ai simplement mis de côté pour un « plus tard » plus équilibré.
J’ai donc repris cette lecture un an plus tard et c’était le bon moment. J’ai littéralement dévoré ce roman en 3 jours.
Déjà, il faut savoir qu’il s’agit d’un témoignage et que son auteur, Kikka, s’est inspirée de sa propre expérience dans le milieu du marketing pour écrire ce livre autour du harcèlement au travail.
On la suit dans la lente mise en place malsaine du harcèlement par son manager direct alors qu’elle est elle-même assez bien placée dans l’échelle de l’entreprise. Préjugé n°1 dégommé : les responsables et les cadres peuvent aussi être victimes d’un management toxique.
J’ai enfin pu voir d’un œil extérieur le jeu d’échec machiavélique qu’un esprit tordu et sadique peut mettre en place pour harceler ses pairs dans un contexte professionnel. Ca fait froid dans le dos car rien n’est laissé au hasard : il n’a pas peur de prendre son temps pour construire sa toile insidieusement et dans toutes les directions simultanément, il ne laisse pas de traces ou alors rien de foncièrement compromettant.
On vit en immersion l’expérience désastreuse de Clotilde, très impliquée et passionnée par son travail.
On commence par sentir que quelque chose ne va pas mais comme elle, on accorde le bénéfice du doute. Jusqu’à ce que le piège se referme et qu’il ne soit plus possible de faire machine arrière !
La descente aux enfers est là, continue, étouffante. On se demande quand elle va bien pouvoir s’arrêter et comment faire pour qu’elle s’arrête. Faut-il lutter de toutes ses forces ? Faut-il fuir ? Clotilde va tenter plusieurs techniques pour sa survie en tant qu’être humain et non plus en tant que professionnelle du marketing. Mais toujours dans la douleur et l’incompréhension la plus totale. Comment en est-elle arrivée là ?
Au final ? Un roman que l’on peut penser fragile ?
Pas du tout. C’est un roman qui va marquer longtemps mon esprit.
Même si je n’ai pas vécu tout à fait la même expérience de burn-out et de degré de harcèlement, je me suis pleinement retrouvée dans le perfectionnisme de Clotilde, dans son envie d’être forte et de se battre pour sa passion, dans son incompréhension en se retrouvant prise dans un mécanisme implacable qui n’a de cesse de la broyer.
Mon corps s’est souvenu des maltraitances émotionnelles au fil de ma lecture : le stress, la fatigue physique qui tourne rapidement à l’épuisement, les remises en question constantes sur son identité professionnelle, ses compétences mais aussi sur ses faiblesses personnelles, la sensation d’asphyxier, l’envie que tout s’arrête, définitivement. Et puis le dernier sursaut de vie, l’impulsion pour se battre pour soi, pour sa survie, souvent seule dans le combat, engluée dans les peurs et les jugements des autres.
Qu’importe. La victoire n’en est que plus fière ensuite.
Pour conclure, je dirais que Je ne te pensais pas si fragile est un roman que chacun devrait avoir entre les mains. Soit comme moi afin de mieux comprendre le mécanisme d’un préjudice subi et que la souffrance avait totalement occulté, soit pour sensibiliser à ce que l’on peut être amené à subir dans une carrière professionnelle et à le prévenir, que ce soit pour nous ou pour un collègue.
Ma note : 19 / 20
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2 réponses
Coucou, je viens de découvrir la rubrique lecture! C’est très intéressant et inspirant, je pense que chacun de nous a besoin de lire ce livre, parce qu’il reflète une réalité amer au niveau professionnel, je suis passée aussi par le burn out deux fois, et c’était vraiment horrible!
En effet, il serait vraiment important que chacun se sensibilise à la pente vertigineuse sur laquelle on peut toutes et tous glisser sans s’en rendre compte. Mais les mœurs changent très lentement à ce niveau !