Malgré tout fait partie de ces livres pour lesquels une jolie couverture me suffit pour passer en caisse. Des dessins doux et colorés, un couple enlacé promettant une jolie histoire d’amour, un angle de vue de la scène original, il ne m’en fallait pas davantage ! Hop, dans le panier !
Résumé
C’est l’histoire d’un amour à rebours. Une passion platonique mais éternelle entre deux êtres. D’un côté, il y a Ana. Sexagénaire charismatique, ancienne maire tout juste retraitée, mariée et maman. Une battante au grand cœur qui impose le respect. De l’autre, il y a Zeno. Célibataire endurci, libraire proche de la retraite et doctorant en physique qui aura mis quarante ans pour terminer sa thèse. Un esprit libre et voyageur, aussi séduisant que mystérieux.
Au fil des années, ils ont tissé ensemble un amour impossible et intarissable. Tout en égrainant les excuses qui ont empêché qu’elle ne prenne forme, on remonte le temps de cette romance et de ses méandres… jusqu’à sa source.
Avec Malgré tout, Jordi Lafebre (Les Beaux Étés, La Mondaine, Lydie) nous offre, avec toute la poésie et la tendresse qui le caractérisent, son premier album en tant qu’auteur complet. Un puzzle amoureux complexe, qu’il recompose savamment au travers de scènes distinctes… et pourtant indissociables les unes des autres.
Mon avis sur Malgré tout
J’avais eu pas mal d’avis très positifs préalables sur ce roman graphique. Comme souvent dans pareil cas, j’avais peur de trop en attendre du coup et d’être déçue.
Il n’en a rien été.
J’ai adoré la principale originalité du livre : l’histoire d’amour est racontée à l’envers. On commence par l’idylle en fin de vie pour ensuite remonter le temps jusqu’à aller au tout début de la rencontre des deux personnages principaux. La virtuosité du récit est d’arriver avec cette trame-ci à ne pas nous perdre en route car il nous manque forcément des éléments de base quand on démarre par la fin ! Mais l’auteur nous amène finement à tisser les liens manquants soit grâce à des conversations, soit grâce à des souvenirs remémorés… Un vrai tour de passe-passe scénaristique !
Mon petit conseil : après avoir fini le roman graphique, reprends le début de ta lecture pour savourer le chemin parcouru par nos deux amoureux tout au long de leur histoire platonique mais pourtant si intense.
Pour ne rien gâcher, les illustrations sont absolument magnifiques et complètement merveilleusement le récit par leur douceur.
On n’a aucun mal à s’attacher aux deux personnages, Ana et Zeno, qui sont aussi différents l’un de l’autre qu’ils sont amoureux. Anna est mariée depuis longtemps, a une fille, est une femme battante, maire de sa ville et innovante dans ses projets. Zeno est un scientifique rêveur et insouciant (visiblement ça existe), éternel étudiant, attaché à rien à part à sa liberté, se laissant un peu bringuebaler par la vie. Le pont que construit Ana durant sa carrière de maire et reliant deux quartiers de la ville n’est-il pas une métaphore de ce lien qui unit leurs deux existences ? D’ailleurs ne passe-t-il pas au pied de la librairie dont a hérité Zeno ?
Au final ? Est-ce malgré tout une belle lecture ?
Je ne pensais pas adhérer autant à une histoire d’amour platonique durant toute la durée d’une existence. J’aurais cru trouver les personnages un peu niais ou très attentistes face à leur vie. Il n’en est rien mais comme on le dit souvent : il ne sert à rien de forcer le destin. Cette jolie bande dessinée aux graphismes colorés nous le rappelle bien. J’ai été happé par la virtuosité du récit en ordre inversé qui fait remonter le temps au fil de la lecture jusqu’à la jeunesse des deux protagonistes principaux.
Si tu te poses la question de ce que donne la lecture façon manga en commençant par la fin, je peux te dire qu’elle n’est malgré tout pas faite pour ça. Par contre tu trouveras un joli clin d’œil en comparant le début et la fin !
Ma note : 19/20
(uniquement parce que je n’aurais jamais voulu le lâcher)