Tu te souviens de mon gros coup de coeur pour la BD jeunesse Coeur de Pierre ?
J’avais autant aimé l’histoire racontée par Séverine Gauthier que les illustrations réalisées par Benjamin Lacombe.
Après avoir poursuivi mes découvertes des oeuvres de Séverine Gauthier (L’homme montagne), je me penche sur le cas de Benjamin Lacombe.
Conseillée par une autre groupie du duo, me voilà face à un album gigantesque !
Non mais agrandis encore un peu ta vision du gigantesque ! GIGANTESQUE, comme ça.
Pour ceux qui sont comme moi et qui ont du mal à se représenter les dimensions dans une conception mentale en 3D : verticalement, il ne rentre pas dans une case de meuble Expedit du géant suédois !
Allez, on prend un levier et on va tourner la couverture après l’avoir bien reluquée…
D’entrée de jeu, ça donne le ton, non ?
De l’amour, de la différence, une bulle de technicolor dans un monde aussi gris que tes chaussettes blanches à la sortie d’une lessive de noir…
Et oh !! Tu as vu dans le coin ? C’est un livre musical. Il contient un CD racontant le conte et par rien de moins qu’ Olivia Ruiz !
Une nouvelle corde à ajouter à son arc artistique. On la connaissait chanteuse et bien que ce conte soit musical, elle ne prêtera ici sa voix que sous forme parlée.
Ca me va, on aura donc la possibilité de découvrir d’autres talents en plus du sien qui est déjà reconnu.
Benjamin Lacombe ne se contente pas ici d’être uniquement illustrateur, il est également auteur de cette histoire.
Et sinon de quoi va-t-on parler, vas-tu me demander ? (oui je vous connais ton impatience et toi…)
Toujours en se fiant à la couverture, on voit un petit garçon avec une guitare qui n’est pas sans rappeler le mot « mélodie » présent dans le titre.
La petite fille est habillée étrangement, de couleurs vives, comme une gitane. Et ces « tuyaux », est-ce que ça ne serait pas ceux des usines que l’on aperçoit dans le fond ?
Bingo !! On va se glisser discrètement dans une tranche de vie du jeune Alexandre, 13 ans, destiné depuis toujours à rejoindre les tuyaux de l’usine d’à côté, comme le reste de sa famille et de son entourage. La sablier de l’insouciance ayant fini de faire tomber ses grains de folie, c’est très bientôt qu’Alexandre empruntera les chemins métalliques.
Des parents cassés par le travail et par le conformisme, l’école et ses bonnes notes attendues au tournant, un avenir aussi gris que ses pensées baignées dans la fumée environnante, tel est le quotidien d’Alexandre. Jusqu’à ce qu’une longue chenille rouge aux anneaux en forme de caravanes vienne apporter 50 nuances de joie dans cet univers si réduit, même pour un petit garçon.
Ce cirque, aux couleurs de son coeur, lui ouvrira les portes de son avenir, en même temps que les rideaux de l’entrée en piste.
Mon avis ?
Soyons clairs.
Cet album n’est ni plus ni moins qu’une succession de tableaux de maître. Les illustrations sont à couper le souffle tant par la qualité et la finesse des traits que par l’originalité des mises en scène.
On trouve des effets que j’ai rarement observés dans les albums jeunesse (car ici c’est bien le cas avec la simplicité du récit et du lexique) : une vision en plongée sur la scène
suivie d’une observation en contre-plongée, représentation encore plus rare !
Autre point fort : l’image renforce la part du récit et lui apporte la touche de poésie comme on pourrait saupoudrer des paillettes.
Et puis… non, le reste, il te faudra le lire pour le découvrir par toi-même !
Tu l’auras compris, le texte se retrouve occulté derrière le masque de l’image. Ou alors c’est mon intérêt d’adulte qui m’a portée directement sur l’originalité évidente de ce livre à cause d’une histoire que je présumais un peu naïve.
Et c’est le cas. La fin et les péripéties ne laissent pas grande surprise. Un peu comme quand il ne reste qu’une part de galette et que personne n’a encore brandi la divinité-fève !
Mais n’oublie pas quel est le public visé ! Pas nécessairement mon âme d’enfant liée avec mon imaginaire blasé d’adulte !
Cette histoire parlera à coup sûr à ceux qui portent l’espoir de l’avenir en bandoulière et le sourire accroché aux lèvres malgré la grisaille environnante, qu’elle vienne de la terre ou du ciel.
Une part d’originalité se cachera pourtant aussi dans le récit.
Si tu es attentif, tu remarqueras que le conte est narré à la troisième personne mais que ce n’est pas le cas du prologue ni de l’épilogue.
Ah ah ! Tu ne l’avais pas repéré ça hein ??
Tu es encore là ??
Je pensais que tu étais allé chercher ta valise de week-end à roulettes pour ramener ce GIGANTESQUE « petit » bijou !
Le petit bonus de la chef !
J’ai passé tout le temps du livre à me dire que ça me rappelait vraiment beaucoup Jack et la mécanique du coeur de mon gourou Malzieu, notamment avec sa Flamme à Lunettes de Miss Acacia. Parfois je me demande si je ne me suis pas fait vampiriser le cerveau, j’te jure !
Et puis j’ai vu le nom d’Olivia Ruiz et je me suis dit que la coïncidence était amusante.
Et puis j’ai terminé ma lecture et j’étais déjà tellement en manque que j’ai lu la partie qu’on ne lit habituellement jamais : les remerciements quand ils sont placés en début de livre ! (et ne me dis pas que tu le fais, petit fayot !)
Et là…
« Un grand merci pour leur aide à L’1 Connu, Truc Muche, Bidule Jteconnépa, MATHIAS MALZIEU, j’voipluléotrnoms… »
Voilà. Je crois qu’il va falloir que je m’équipe d’un détect’coeur de pensées focalisantes.
En attendant, je vais retourner écouter les chansons gitanes du CD…
Je ne sais plus si je t’ai dit qu’il était vraiment gigantesque ? |
3 Responses
Je ne sais que te dire à part répéter ce que je dis toujours, tu donnes envie de lire, tu nous amuses avec tes commentaires, on ne s'ennuie jamais.
Oh ! C'est très gentil ce petit commentaire ! Merci ! ^^